Angelo dit " Le glorieux "

La taverne de Fwo. Un lieu très prisé par une multitude de gens d'origines diverses, aimant à se réunir là pour échanger dans une atmosphère de convivialité et de neutralité parfois uniquement de surface. Sur l'estrade au fond de la salle principale, un jeune homme d'une vingtaine d'année se dresse avec insouciance, jonglant adroitement avec trois dagues ouvragées, les petites plumes accrochées à leur extrémité voletant à chaque tour sur elles mêmes, sous le regard médusé du public.
Les rattrapant une par une dans ses mains par quelques figures excentriques, le saltimbanque s'incline avec emphase, avant de déclamer, un petit sourire ingénu sur les lèvres :

« Mesdames et messieurs, très chères demoiselles – il ponctue son rajout d'un clin d'oeil charmeur en direction des dites demoiselles – voici venu le moment que vous attendez tous avec impatience ! Le clou du spectacle, qui vous fera trembler, tant de peur que d'ébahissement … »

Ménageant son suspense, il prend la pose, une main sur la hanche.

« Mais pour cela, comme vous le savez, j'ai besoin d'une charmante et courageuse volontaire, qui voudra bien m'assister. »

Tandis que des cris retentissent dans la salle et que les conversations animées repartent de plus belles, ses yeux balayent la salle, passant sans le voir sur les joues rougies par l'excitation de jeunes femmes plus que volontaires pour aller placer leur ''vie'' entre les mains du jongleur. Passant entre les tables avec une habilité née de l'habitude, une jeune femme effectue le service, déposant d'une main chopes de bières et verres de vin raffinés tout en prenant de l'autre les nouvelles commandes. Tournant sciemment le dos au saltimbanque, elle s'efforce – avec une certaine détermination il faut le dire ! – de l'ignorer, lui et son numéro stupide. Un nouveau sourire naît sur les lèvres fines de ce dernier, tandis qu'une lueur moqueuse s'allume dans ses yeux pâles, comme s'il se réjouissait d'avance à l'idée d'une bonne blague qu'on lui aurait raconté. C'est ainsi que d'une voix de stentor digne d'un acteur de théâtre, il pointe un doigt victorieux sur le dos de la malheureuse jeune femme, et s'exclame :

« Là ! Je la vois, ma ravissante assistante ! Allons, ne soyez pas timide ma chère, retournez-vous, je sais que vous n'attendez que cela. »

Incertaine d'avoir été désignée, elle se fige, le dos raidi, tandis qu'il poursuit.

« Mesdames, mesdemoiselles, (messieurs) les spectateurs, applaudissez donc le courage de votre bien aimée serveuse, Naomé. »

Nom : Lentement, elle se retourne, ses prunelles d'ambre liquide venant foudroyer littéralement du regard l'impertinent jeune homme. Mais bien vite, un sourire affable – recelant toutefois quelque dangereuse menace inexprimée ? – vient s'afficher sur ses lèvres, tandis qu'elle pose son plateau et son tablier d'un geste gracieux, et s'avance vers l'estrade, saisissant la main que le saltimbanque lui tend. Lequel ne peut contenir une grimace de douleur alors qu'elle lui broie aimablement sa pauvre main. Dans un murmure ironique, il lui lance :

« Aaah, Naomé, si vous détruisez joyeusement mon outil de travail, comment voulez-vous que j'exécute mon numéro correctement ? »

Laquelle lui rétorque, son merveilleux sourire toujours présent en façade, mais une lueur bien dangereuse dans le regard :

« Ne croyez pas vous en sortir à si bon compte. Vous allez me le payer, messire Angelo le ''Glorieux'', je vous le promets. »

Sa petite main toujours serrée – trop serrée – dans celle du jeune homme, elle se retourne vers le public qui l'acclame – enfin, sans compter les demoiselles vertes de jalousie –, lui faisant face. Les dents serrées, le saltimbanque parvient tant bien que mal à garder contenance. Pas que la menace l'effrayait, après tout il l'avait bien cherché, mais elle avait mine de rien une certaine poigne, et sa colère n'arrangeait rien !

« Je vous en prie, Naomé, nous sommes sous la tutelle du même Maître, appelez-moi Angelo. »

Race et apparence : Sa phrase soulignée d'un sourire se voulant angélique, ignorant le regard noir, pour ne pas dire assassin, qu'elle lui lance, Le Val lui indique de prendre place contre le mur du fond, s'inclinant à demi, un bras tendu, tel les galants parsemant la cour du Roi Damzi.

Les gestes déliés, presque félins, il prend place, une dague levée à hauteur de visage, la pointe de la lame s'arrêtant devant ses iris gris métallisé, d'une teinte pâle rappelant celle des nuages de tempête. Élégant Angélo l'était, malgré sa stature moyenne, ni particulièrement grand, ni trop petit, ses membres étaient fins, et sa peau très légèrement hâlée par les nombreux jours passés à voyager sur les routes du Royaume et ailleurs. On pouvait presque ressentir la souplesse et l'agilité de danseur rien qu'à la façon qu'il avait de manier ses dagues. Sa longue chevelure, d'une teinte hésitant entre un argenté neigeux et un bleu glacé, pendait librement dans son dos, néanmoins ramenée hors de son visage par une foule de petites nattes. Elle encadrait un visage fin et mince, presque trop anguleux pour être véritablement qualifié de beau, mais dégageant une certaine forme de charisme. Pour ceux qui le connaissait un peu, la première chose qui venait à l'esprit pour le décrire était son perpétuel sourire.

Qu'il soit railleur, ironique, ou bien encore malicieux, il était rare de voir Angelo ne pas ponctuer ses paroles d'un énigmatique sourire, l'expression totalement innocente. Appréciant s'entourer de mystère, beau parleur, il adore par dessus tout séduire l'assistance, par ses répliques parfois cinglantes, ou par ses actions … A ses risques et périls ! Toute médaille ayant son revers, on peut deviner aisément qu'il est bien loin de posséder une force physique incroyable, aussi préfère-t-il généralement prendre la fuite quand les circonstances le placent dans une situation difficile pour lui. Action n'étant pas toujours couronnée de réussite, aussi n'est-il pas rare de le voir revenir avec quelques bleus, bosses … Voire parfois des blessures pouvant aller jusqu'au sang. Il aime à s'habiller de couleurs vives et chaotiques (en accord avec l'apparence un peu folâtre qu'il donne, volontairement ou non) avec d'amples vêtements lui laissant toute liberté de mouvement, à l'aise également pour y cacher ses armes qui ne le quittent jamais.

Tantôt provocateur, tantôt charmeur, passant d'aventures en aventures, c'est un jeune homme à la personnalité complexe, pas encore sûr d'avoir trouvé la voie qui lui conviendra. Profondément loyal envers ceux à qui il tient, mais également envers son Ordre, il se moque, de façon un peu contradictoire, de bafouer les règles si elles ne lui conviennent pas. Il porte un regard incertain sur l'avenir, s'interrogeant souvent sur ce qu'il lui réserve. La mort fait partie de son univers, et les membres de son ordre sont comme sa famille, mais il n'approuve pas forcément le fait de tuer pour de l'argent, sans bonne raison valable derrière. On peut parfois le qualifier ''grande gueule'' qui n'hésite pas à se mêler de ce qui ne le regarde pas s'il estime bien de le faire. Il ne se souvient pas vraiment de ce que ça faisait d'être libre d'aller et venir comme bon lui semble, et en vient à se demander en quoi donc la vie pourrait être meilleure s'il se trouvait à l'extérieur du Mur … Il éprouve une grande reconnaissance pour Kilian, qu'il vénère secrètement.

Ordre, alignement et rang : Assassin, voilà qu'elle était la réalité de son existence. Tuer ou être tué. Servir son employeur jusqu'à la fin de son contrat, et accomplir diligemment ses ordres … Confrère et tout récent Maitre de l'Ordre des Assassins - le plus craint de tous les Septs - il tâche d'accomplir ses missions, qu'il choisit le plus possible de lui même, désormais, tout en restant en accord avec ses convictions personnelles, ce qui le mène assez souvent à de bien douloureux dilemmes intérieurs.